La veste à trois boutons a comme caractéristique principale le fait de présenter trois boutons (élémentaire, mon cher Watson), ainsi qu’une découpe du revers et du col spécifique à cette forme. Elle est plus couvrante que sa consoeur à deux boutons, mais aussi plus rare dans le paysage sartorial. Rencontre avec une mal-aimée du vestiaire masculin.
C’est de notre voisine Albion que vient cette fameuse veste, et plus précisément, de l’époque edwardienne.
La veste trouve ses amateurs outre-manche, avant de rejoindre la France. Elle est adoptée par les intellectuels romantiques et les dandies, à la recherche d’une alternative au costume plus classique que portent leurs contemporains. Le flair britannique a également quelque chose à voir avec le succès de ce modèle, auprès d’une population alors assez anglophile.
En 1920, la veste à deux boutons fait son apparition ; elle rencontre un certain succès, et permet de conjuguer port d’une veste et aperçu sur la chemise, voire sur le gilet. L’allure “trois boutons” passe petit à petit du côté du passé et de l’allure surannée de l’aube du XXe siècle.
C’est au cours de l’après-guerre que s’affrontent, en Angleterre, notamment, deux écoles :
Le vintage est en vogue parmi les étudiants, et les nouvelles générations d’artistes adoptent la veste à trois boutons - c’est le cas des plus célèbres d’entre eux : Les Beatles.
Côté français, la veste à trois boutons reste à la mode parmi les politiques, et s'essouffle après mai 1968. Les années 1960 et 1970 voient apparaître des silhouettes plus modernes, inspirées par les vestiaires italien ou américain.
On porte la veste à trois boutons de manière spécifique ; on peut la garder ouverte, on ferme le plus souvent le bouton central, parfois celui du dessus, mais le bouton du bas, jamais.
Notons cependant l’existence de deux modèles hybrides qui viennent enrichir et complexifier l’héritage de la veste à trois boutons. C’est le cas de la veste dite “à l’italienne”, dont le roulé du revers commence juste avant le 3e bouton. En ce cas, la veste est portée comme une deux boutons. Cette tendance est exacerbée par le revers “américain”, qui présente un troisième bouton totalement factice.
On remarque tout d’abord que la veste à trois boutons a quelque peu déserté l’horizon sartorial, et pour cause : souvent jugée trop vintage ou surannée, elle se distingue de la conception classique du costume. Les amateurs de fripes savent cependant que beaucoup de vestes de tweed anglais présentent trois boutons, et non deux.
Si vous souhaitez, malgré tout, explorer les possibilités de cette pièce audacieuse - mais indéniablement surannée -, gardez en tête que la veste trois boutons allonge le torse. Il conviendra donc d’équilibrer cette pièce à la fois avec votre silhouette, et le pantalon qui l’accompagnera.
La veste à trois boutons paraît aussi moins structurée que sa soeur à deux boutons. Elle dévoile moins la chemise, la cravate ou le gilet, et ne permet donc pas de rajouter beaucoup de lignes à la tenue.
Couverture : planche issue de l’ouvrage Costumes civils français des origines à nos jours, tome 23, 1893-1899