Aussi essentiels que discrets, les boutons de manchette sont une des pièces les plus intéressantes du vestiaire masculin. Comme beaucoup d’accessoires qui ne sont pas voués, au départ, à être exhibés, les boutons de manchette sont devenus un nouveau lieu d’expérimentation élégante au fil des siècles - au même titre que la doublure d’une veste ou la ceinture d’un pantalon. Une recherche en magasin, en seconde main ou sur Internet vous le prouvera : les modèles sont nombreux, les intentions, variées, et le choix, difficile. C’est à vous, amateurs d’élégance aguerris ou néophytes, que je livrerai ici quelques remarques sur cet accessoire trop souvent négligé au panthéon de l’élégance.
On s'accorde souvent à dire que c'est au XVIIe siècle que sont apparus les boutons de manchette ; à cette époque, les manchettes se simplifient, adoptant peu à peu la forme "mousquetaire" - aux poignets doubles et repliés.
C'est cependant au XIXe siècle que les boutons de manchette connaissent leur âge d'or, avec la popularisation de coupes modernes - costume de ville et tenue de soirée. D’emblée, ces deux situations sont distinguées : les boutons de manchette dorés sont souvent consacrés à la journée, et les argentés, à la soirée. Le modèle de la chemise est simplifié en "single cuff" - une seule épaisseur de manchette - et c'est un tissu rigide qui est privilégié pour ce genre de pièces.
Dans le Paris des années 1900, c'est Édouard VII, une des figures les plus emblématiques de la haute société, qui jette la lumière sur les boutons de manchette : exit les métaux sobres, c'est désormais en nuances de pierres précieuses que se conjuguent les manchettes. Le prince héritier est notamment un habitué de chez Fabergé, qui réalise pour lui des petits chefs-d'œuvre de virtuosité.
L'entre-deux-guerres voit le retour du poignet mousquetaire - en bon anglais, la "french cuff". Les boutons de manchette retrouvent alors leur nécessité initiale.
Les années 1970, dans une recherche de confort et de simplicité, adoptent quant à elles les manchettes boutonnées - contrastées ou non, selon les modèles.
On peut distinguer trois types de boutons de manchette :
Ce qui donne au bouton de manchette tout son intérêt, c'est qu'il conjugue art de l'extrême détail et charge symbolique marquante. Il est souvent considéré comme un bijou à part entière, tant pour ses matières que par la virtuosité que sa réalisation peut exiger.
Les plus courants des boutons de manchette en métal précieux sont en or, argent, ivoire, nacre ou platine. D’autres amateurs de costume préfèrent adopter des matériaux plus exceptionnels, comme des bois rares, du galuchat, des pierres précieuses.
Certains boutons de manchette ne font pas l’objet d’un choix, mais sont naturellement liés à des tenues spécifiques. Uniformes et spencer de la plupart des corps d’armée comportent ainsi des boutons de manchette renvoyant directement aux emblèmes de ces mêmes corps.
De même que pour le choix d’une cravate, d’une montre ou d’une paire de chaussures, certaines règles simples sont à respecter afin de ne pas commettre d’impair :
N’hésitez pas à chiner dans les tiroirs de vos grands-parents ou dans les marchés d’occasion, afin de tomber sur des boutons de manchette qui sauront compléter votre tenue à merveille. Un bouton de manchette faisant référence à votre profession, à un loisir qui vous est particulièrement cher, ou à une esthétique qui vous tient à coeur vous permettra de vous approprier pleinement un costume qui doit devenir, pour vous, comme une “seconde peau”.
En ce qui concerne la tenue de soirée, l'accessoirisation du black tie et du white tie demanderaient un article à part entière. Contentons-nous ici d'une règle simple : de même que l’on ne porte pas de montre avec son smoking, les boutons de manchette ne sont pas là pour attirer le regard, mais pour apporter un détail à l’harmonie de votre tenue.
Oui, les boutons de manchette doivent être une occasion d’en faire plus, et d’ajouter un soupçon d’élégance ou d’originalité à votre tenue ; pas de détruire son harmonie au profit d’une référence au goût plus douteux.
Vous êtes à présent, chers lecteurs, fin prêts pour vous consacrer à cette épineuse question : comment choisir ses boutons de manchette !