Une étude en bleu : grande mesure et petits détails

Agathe VIEILLARD-BARON
31/5/2025
Une étude en bleu : grande mesure et petits détails

Un costume bleu : au mieux, c’est un classique, au pire, c’est ennuyeux. C’est peut-être ce que vous avez pensé en voyant le titre de cet article. Et pourtant, un costume bleu, c’est bien plus qu’un “basique” dans une garde-robe, que l’on sort en semaine pour aller au bureau, ou de temps en temps, le week-end, pour se présenter chez ses beaux-parents.

Alors quand le projet d’un costume bleu s’est esquissé avec mon ami et tailleur Mattéo Roibet, je n'ai eu qu'une seule demande : qu’il le conçoive comme s’il avait carte blanche. Et c’est ainsi qu’un costume bleu, en apparence des plus classiques, s’est vu doter d’une multitude de détails originaux - dont je vous livre ici un rapide commentaire.

Premier détail, et non des moindres : le tissu. Mattéo me propose d’entrée de jeu un tissu bien particulier. On échappe à une teinte uniforme en faveur d’un tissu dont le micro-motif entremêle le bleu marine et le bleu clair. Le textile, un 100% laine du fabriquant italien Carnet, présente de fait de très beaux reflets à la lumière. 

Autre parti-pris : la coupe du costume. J’aime les silhouettes extrêmement cintrées, je n'en fais pas un secret - et ce costume ne trahit pas mon goût. A ma grande joie, Mattéo a conçu, en réponse à ce cintrage, de larges revers, qui s’épanouissent en un cran audacieux.

Pour le dos, notre tailleur avait deux très belles idées derrière la tête - et la simplicité n'était pas dans ses plans. D'abord, une martingale, au milieu du dos, pour appuyer le cintrage et accentuer la découpe de la silhouette. Mais, surtout, un détail plus secret, quasiment imperceptible : de fausses fentes, et un véritable pan indépendant, sur le dessus de la veste - une coupe inspirée à Mattéo par un manteau que j’avais trouvé en seconde main. Son coup de ciseaux a réussi à rendre le trompe-l'oeil parfait ! 

Passons aux manches. Vous noterez qu'elles présentent des revers travaillés à l’arrondi, qui permettent d'adoucir la coupe, tout en proposant un détail assez rare sur des costumes de jour.

Pour les poches, Mattéo me présente un prototype plusieurs semaines après le début du projet. La formule est séduisante : un rabat aux lignes courbes, une forme légèrement évasée, un soufflet et une fermeture à boucle. Certes, au début, j'ai craint que ce détail ne soit de trop, face à l’insolence des revers et aux autres parti-pris du modèle. Mais force est de constater qu’il est des plus raffinés sur une veste féminine. 

La taille sera haute ou ne sera pas : c’est un détail sur lequel on ne transige pas. Pour des raisons à la fois esthétiques et fonctionnelles, Mattéo décide de réaliser une ceinture large, dont l’élégance s’affirme jusque dans le détail de la boucle, recouverte du même tissu que celui de la tenue. Un détail discret, mais qui apporte au pantalon une coupe plus affirmée qu’un simple boutonnage. 

Le pantalon, à pinces, s’évase au niveau des jambes en une ouverture assez large, soulignée par un revers sûr de lui. Maestro Roibet connaît mes habitudes, et sait que je suis la plupart du temps en talons. 

Un costume bleu, donc. Mais aussi un vêtement polyvalent, ouvert aux modulations. Vous avez pu le voir dans cet article complété par une chemise classique, rayée de bleu clair et de blanc, arborant un col et des manches contrastés - mais aussi avec cette chemise à lavallière.

La rayure donne au costume une apparence plus formelle, là où la lavallière vient adoucir les lignes du costume, notamment le cintrage de la veste, en apportant une touche plus féminine. 

J’ai déjà eu l’occasion de parler ici de la théorie du dépareillé, mais place à la pratique. La veste bleue réalisée par Mattéo s’accorde à merveille avec un pantalon gris, comme ci-dessous. Assez similaire au premier, celui-ci (également confectionné par Mattéo) présente cependant une coupe plus évasée au niveau de la jambe, ainsi qu’un tissu plus lourd. 

Bref, un costume en apparence des plus simples peut se révéler surprenant à bien des égards. Alors, chers amis, ouvrez l’oeil, mais sachez aussi faire vôtres ces petites touches d’audace !

Réalisations : Mattéo Roibet

Photographies : Hermine Halouchery