Interview de Tony Gaziano par The Shoe Snob

Hugo JACOMET
12/1/2011
Interview de Tony Gaziano par The Shoe Snob

Gentlemen,

comme promis, voici un interview exclusif réalisé la semaine dernière par notre ami Justin Fitzpatrick, de l'excellent blog THE SHOE SNOB (dont nous avons salué le travail dans ces colonnes avant-hier).

Cet interview va t'il enfin lever le voile sur la fameuse gamme DECO tant attendue par les amateurs de souliers d'exception ? Rien n'est moins sûr...

Here we go :

Qu'est ce qui vous a donné l'envie de vous lancer dans la botterie ? Quelle a été votre inspiration  ?

La botterie n'a pas été ma vocation première. Je suis allé à l'université pour y étudier l'architecture, mais je me suis rendu compte qu'en dehors du dessin et du design à proprement parler, le coeur n'y était pas. J'ai toujours été attiré par le design. Pendant un moment, je me suis intéressé aux vêtements - en tant que hobby, rien de sérieux - mais ce n'était pas assez visuel pour moi.

Je voulais voir concrètement ce que j'avais créé en face de moi, et c'est quelque chose que l'on retrouve plus dans la botterie que dans la couture. Les souliers ont une nature très ornementale ; ce sont des objets que vous pouvez prendre et étudier, mais que vous pouvez également porter, ce qui est relativement rare. J'ai repéré un job de designer de modèles chez Cheaney, et c'est là où ça a plus ou moins commencé.

Quelle est la chose la plus dure dans la vie d'un bottier ?

Le plus dur à atteindre en tant que bottier est l'équilibre entre l'organisation, la fabrication et la qualité. C'est un travail artisanal vraiment difficile et très physique qui peut d'ailleurs devenir rapidement fouilli à cause, par exemple, des encres et du travail au couteau.

Ceci fait qu'il peut être très difficile de maintenir le soulier dans un parfait état à mesure que la production avance. Vous pouvez l'avoir fini à 90%, et dans les dernières opérations, votre concentration défaille un instant, et le soulier est à jeter.

Quelle est la chose que vous préférez dans la vie d'un bottier ?

La création. Dans mon monde idéal je ne ferai que créer des prototypes toute la journée. Mais le design peut aussi être divisé en de nombreuses étapes, par exemple, faire la forme, découper le patron, faire la semelle, polir etc... et je retire une grande satisfaction de chacune de ces étapes à mesure que le soulier les traverse.

Quels autres bottiers  admirez-vous ?

Dimitri Gomez, John Lobb Paris, Pierre Corthay, Cleverley, Foster & Sons. Pour être honnête, je n'ai pas tellement l'occasion de voir ce que les autres font ces jours-ci car je ne quitte que rarement les ateliers et je ne passe pas beaucoup de temps sur le web.

Quelle est la chose que vous appréciez le moins dans l'industrie du soulier ?

Ce que j'aime le moins dans l'industrie du soulier – et dans beaucoup d'autres industries d'ailleurs – ce sont les entreprises qui se contentent de vivre sur leur réputation passée, plutôt que sur leurs souliers (ou produits) actuels.

Quelle est votre modèle favori parmis tous les souliers que vous fabriquez ?

Il m'est impossible de sélectionner un modèle favori. Il y en a tellement que j'aime, et mes goûts changent si souvent -ce qui est la caractéristique, je crois,  d'un esprit créatif- qu'il m'est tout simplement impossible de choisir.

Que pouvons-nous attendre du futur de Gaziano & Girling ? Comment vous voyez vous dans 10 ans ?

Pour être honnête, je souhaites que G&G reste exactement le même en terme de qualité, en étant juste un peu plus gros et en nous étendant à d'autre types d'articles en cuir. Je pense vraiment que nous amenons l'art bottier à un extrême d'un point de vue qualitatif avec notre nouvelle gamme Deco. J'irai même jusqu'à dire que cette gamme est de meilleure qualité que de nombreux souliers bespoke que j'ai pu voir.

Que pouvez-vous me dire à propos de la gamme Deco ?

La gamme Deco sortira aux alentours de la troisième semaine de janvier, avec sa première apparation à Pitti Uomo.

Elle débutera à £1250 (1500 euros environ), et inclura des embauchoirs spécifiques et une boîte faite main. Les souliers de la gamme sont d'une apparence très structurée, et sont inspirés de nombreuses pièces anciennes ayant été produites il y a une éternité de cela. La gamme Deco est plus soignée sur les finitions – faites à la main – et sur les détails (comparé au PAC).

Dans un premier temps, la gamme sera uniquement disponible sur les salons auxquels nous participerons, ainsi qu'en commande spéciale par téléphone ou par courrier. Cela changera dans quelques mois quand elle sera disponible en vitrine à Savile Row ainsi que, peut-être, dans certains magasins.

Quels conseils pouvez vous donner aux apprentis bottiers ?

Aux apprentis, je dirai : La route est longue, alors soyez patients. Apprenez le plus possible du maximum de monde possible, connaissez vos clients et attachez vous à satisfaire leurs attentes plutôt que vos propres goûts. Désir et business doivent finement s'équilibrer, et, au final, si vous êtes bons, les gens viendront pour votre talent.

Cheers, HUGO

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