Chers lecteurs,
C’est un fait : le mouvement sartorial tend, au sein même d’une génération, à se structurer en différentes « vagues ». La plus ancienne est formée de ceux qui ont rejoint cette petite révolution à ses débuts, disons il y a 10 ans ou plus, et qui y ont adhéré au point de parfois changer de parcours et de décider de travailler dans le monde du vêtement classique. La vague plus récente est, elle, formée de jeunes gens, lycéens ou étudiants, qui ont des parcours vestimentaires de plus en plus fulgurants, et qui adhèrent à notre mouvement en masse.
Il y a bien des années, un étudiant qui s’appelait Romain Biette dévorait les colonnes écrites par Hugo Jacomet, mais aussi les numéros de The Rake, les grands manuels de l’élégance vestimentaire et les catalogues d’époque. Il arpentait sans relâche les méandres de plateformes alors récentes, telles qu’Instagram ou Tumblr, pour éduquer son regard – et aussi parce qu’il ne pouvait s’en détacher. Sa passion pour le vêtement masculin classique le poussa à se former au sein de l’Association Formation Tailleur, qui a existé de 2005 à 2018 environ, et à approfondir ses connaissances pendant 8 années (montage, patronage, retouches).
Aujourd’hui, Romain dirige Ardentes Clipei avec son épouse Anna. Le 46 rue de Provence est devenu une adresse parisienne que l’on se recommande volontiers entre passionnés ou amateurs, pour un premier costume comme pour un projet sartorial plus audacieux. J’aimerais justement approfondir avec vous quelques aspects qui font la spécificité de cette maison, et qui m’ont donné envie de me renseigner davantage sur son sujet.
Notez déjà qu’il y a un style Ardentes Clipei, qui part de la ligne épaule-col – déterminante pour l’aplomb de la veste. Une carrure nette et dessinée, donc, avec des proportions soigneusement étudiées. Que les amoureux d’un style plus près du corps et moins structuré ne battent pas en retraite : la maison sait s’adapter au goût de ses clients et propose des coupes variées et bien senties.
Par ailleurs, Romain a le chic pour concevoir ou remettre au goût du jour certaines options de personnalisation méconnues du grand public (j’ai pour ma part adoré retrouver une poche poitrine à rabat que j’avais aperçue dans un film de Hitchcock). Cette curiosité, cet amour du détail, font plaisir à voir au sein d’une maison française de demi-mesure ; nous sommes d’accord pour dire que l’industrie du prêt-à-porter a énormément appauvri notre connaissance du vêtement, et simplifié l’horizon des choix. Au contraire, l’œil de Romain s’est nourri d’une quantité impressionnante d’images – par exemple dans les anciens magazines de vente par correspondance, souvent très fournis – ce qui lui permet d’accueillir les propositions les plus originales de ses clients, quitte à ne produire la pièce en question qu’en quelques exemplaires.
Romain me confirmait, au cours d’un échange, que beaucoup d’offres en demi-mesure nous enfermaient d’emblée dans des catégories figées, avec un nombre restreint de possibilités. L’idée de la maison est donc de maintenir au maximum la liberté créative du client. Ardentes Clipei dispose, en plus des ateliers européens qui prennent en charge la confection des vêtements, d’un atelier sur place qui permet de finaliser les commandes, les retoucher, leur apporter même quelques finitions supplémentaires. La progressive évolution de la marque a par ailleurs permis de développer une offre variée, qui inclut du prêt-à-porter. Sans aller jusqu’au total look, vous aurez ainsi accès à une grande diversité de choix, incluant cravates, pochettes, et même écharpes.
Beaucoup de salons de demi-mesure ouvrent de toutes parts, vous le savez ; Ardentes Clipei, de son côté, fait partie de ces maisons qui ont leur origine dans le mouvement sartorial lui-même, et qui ne sont pas venues surfer sur la vague, si vous me passez l’expression. J’ajouterai que Romain et Anna choisissent de consacrer du temps à chaque client, et font preuve d’une grande attention pour concrétiser au mieux les projets qui leur sont soumis.
Une belle adresse parisienne, donc, dont nous ne manquerons pas de vous reparler.
Excellente semaine à vous chers lecteurs !